Confrontée à de plus en plus de jeunes en errance professionnelle, je constate que ce syndrome touche toutes les couches sociales et tous les niveaux scolaires. Cette situation de plus en plus commune d’un jeune paralysé par l’anxiété parce qu’il ne sait pas ce qu’il veut faire de sa vie, désespère nombre de parents qui souvent me demande de l’aide. Cette situation trouve, me semble t-il, son explication dans 3 paramètres qui composent notre société actuelle. Tout d’abord, nos jeunes poursuivent pendant de nombreuses années, un cursus éducatif qui les poussent peu à réfléchir. Chaque élève a pour objectif souvent unique de passer de classe en classe. À la sortie du système, la confrontation à la réalité est pour le moins brutale !
Une société anxiogène
Il s’agit en effet, comme un bateau face à l’immensité de l’océan, de choisir un cap, une orientation dans un monde du travail à l’image écornée. Cette situation fait d’autant plus peur, et j’aborde ici le second paramètre de mon propos, qu’elle est sous le coup d’une réalité sociétale paradoxale : jamais les jeunes n’ont eu autant de choix (le monde 2.0 renvoie une image de “tout est possible“, les exemples de réussite sont surmédiatisés, les parents acceptent d’envoyer leurs enfants faire des études à l’autre bout de la France ou du monde…) ; et dans le même temps, jamais le monde n’a renvoyé autant de stigmates anxiogènes (manque d’emploi, sur-qualification des employés par rapport au poste et non employabilité des personnes sous-qualifiées, peur pour l’avenir de la planète, peur de la mort entre SIDA et coronavirus…). Enfin et non des moindres, les composantes de notre société de surconsommation peu encline à faire évoluer les consciences, à s’interroger sur le sens des choses et à se mesurer au goût de l’effort, maintiennent nombre de jeunes dans un syndrome de Peter Pan, d’enfants/rois surprotégés par des cellules familiales éclatées qui compensent divorce ou vie professionnelle prenante par des biens matériels…
Echouer c’est commencer à apprendre
La première des clés pour aider les jeunes à retrouver du sens est de réhabiliter le concept d’échec. “Plantez-vous ; allez y plantez-vous, c’est génial vous êtes en train d’apprendre, en train de vivre !“ telle est sans aucun doute la phrase que je répète le plus lors de mes interventions auprès de jeunes. Paralysés par une peur de l’échec montrée du doigt dans une société du parfait, ils sont comme au milieu du rond-point à regarder passer les voitures plutôt que d’oser prendre eux même une des voies, quitte à faire demi tour si ce n’est pas la bonne route… Je dois souvent leur rappeler que contrairement à un poulain qui marche en moins d’une heure, nous sommes tombés plus de 1000 fois avant de maîtriser la marche ? Que d’échec dans nos vies, y compris chez les plus grands : abandon de ses études et faillite de sa première entreprise pour Bill Gates, refus d’entrée à Polytechnique pour Albert Enstein, exclusion de son équipe de basket pour Michael Jordan.
Bravez la norme et dites bravo à l’échec !
et Accueillir l’échec, l’accepter et le comprendre est la meilleure des stratégies de réussite que je connaisse ! Hélas, elle n’est que trop rarement enseignée par l’Education Nationale, sclérosée par un conditionnement normatif des élèves ! Impossible par exemple d’oublier le visage éberluée de la maîtresse de CP de ma dernière qui cherchait à comprendre pourquoi celle-ci était toujours très heureuse quand elle avait une mauvaise note… “ Normal, lui répondis-je, c’est génial qu’elle se trompe, comme ça elle voit qu’elle est en train d’apprendre et ça lui donne envie de revenir à l’école …“ Alors, désormais, bravez la norme, osez dire bravo à vos jeunes quand ils se trompent, mettez en exergue qu’ils ont eu le courage de passer à l’action et que l’important est là. Dites leur « bravo, tu as réussi à échouer c’est donc que tu es sur la bonne voie, échoue encore mieux la prochaine fois !“